1/ Président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, vous avez introduit l'idée originale d’une « Vallée de la culture des Hauts-de-Seine » dont La Seine Musicale sera la porte d'entrée : la musique avant tout ?
Notre département est devenu magnifique et particulièrement exemplaire pour son cadre de vie, son patrimoine, son appétit culturel, son attractivité économique. La Seine Musicale, avec son architecture contemporaine en harmonie avec l’île Seguin, s’impose comme un défi pour notre département, alternative autant esthétique que fonctionnelle.
Faisons vivre nos berges, animons-les, portés par l’essor économique de notre territoire – essor qui est certes un bienfait pour l’homme, mais qui peut se révéler décevant quant à son cadre de vie. Voilà pourquoi une meilleure insertion de l’économie dans le tissu urbain passe par la culture au quotidien. L’idée forte de la Vallée de la Seine, ponctuée de ses pôles culturels, requiert l’aménagement de ses berges, qui a débuté par la partie entre la Porte de Versailles et le Pont de Sèvres, et le prolongement de la ligne 15 du Grand Paris avec sa nouvelle gare qui s’installe sur les quais, à Boulogne, face à l’île Seguin. Sa passerelle reliera à la fois La Seine Musicale et la Manufacture de Sèvres.
2/ Comment situez-vous La Seine Musicale au sein de l'infrastructure du (futur) Grand Paris ? À l'ouest La Seine Musicale, à l’est la Philharmonie de Paris ?
C’est une chance pour les Hauts-de-Seine de pouvoir attirer vers l’ouest de la capitale une programmation musicale digne de ce nom, en équilibre avec la Philharmonie parisienne à l’est. En agglomération parisienne nous n’aurons pas trop de deux pôles musicaux.
Nous sommes plutôt complémentaires, et je suis même à l’écoute pour coordonner nos activités et collaborer dans plusieurs domaines, comme le projet Démos, initié par Laurent Bayle (Cité de la musique-Philharmonie de Paris), qui offre aux enfants des banlieues, dont ceux des Hauts-de-Seine, un accès à la musique classique par la pratique instrumentale en orchestre.
3/ Quel parcours culturel spécifique suggère le Département des Hauts-de-Seine ?
Passé la Seine, on peut apprécier une soixantaine de sculptures contemporaines implantées sur la dalle de La Défense. Ensuite, à proximité du fleuve, à Boulogne-Billancourt, le jardin japonais du Musée départemental Albert-Kahn attire toujours autant avec notamment sa fabuleuse collection de plus de 72 000 autochromes – qu’on pourra redécouvrir grâce un nouveau bâtiment de 2300 m2 de l’architecte Kengo Kuma, dont l’ouverture est prévue début 2018.
Nous sommes en train de racheter la caserne Sully située dans le Parc de Saint-Cloud, où s’installeront nos archives départementales, associées à un lieu d’exposition. Véritable bijou de renommée internationale, la Manufacture de céramiques de Sèvres côtoie hélas un échangeur disgracieux : nous allons tenter d’y remédier pour rendre à ce lieu exceptionnel la visibilité qu’il mérite. Dans le prolongement du pont de Sèvres, la voie royale conduit au château de Versailles : elle aussi fera l’objet d’une rénovation, avec un espace repensé en faveur des piétons et des vélos.
Rachetée à l’État, qui l’avait bien oubliée, la Tour aux Figures de Dubuffet au parc départemental de l’île Saint-Germain (Issy-les-Moulineaux) connaîtra, grâce à nos soins, une réhabilitation complète. Enfin, nous étudions un système de navettes le long de la Seine qui permettra non seulement de naviguer entre les différents lieux, mais aussi d’accéder au Parc départemental écologique et nautique de l’Île de Monsieur, et d’accoster non loin de la Grande cascade XVIIème siècle de Saint-Cloud.
Sans oublier bien sûr le Domaine départemental de Sceaux, dixième site de France le plus visité, avec la reconstitution de ses parterres dessinés par Le Nôtre et le Musée des Avelines récemment rénové et le Domaine départemental de la Vallée-aux-Loups à Châtenay-Malabry, avec son musée richement doté.
Crédit photo : Olivier Ravoire