« Un requiem doux comme moi-même » et « composé pour le plaisir ». Ces mots de Fauré contrastent avec l’idée qu’on se fait habituellement du genre funèbre : quand on songe à ceux de Mozart et de Verdi, c’est le sonore et le théâtre qui s’imposent dans notre imaginaire et conjurent l’angoisse de la mort. Mais le Requiem de Fauré prend ses distances avec la veine dramatique, lui préférant un angélisme lumineux et une candeur poétique pour un recueillement apaisé.

Incongru ? Au contraire ! Fauré aborde le genre avec une intention spirituelle évidente mais aussi beaucoup d’humanité.

Conçu comme « une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur au-delà, plutôt que comme un passage douloureux », il fallait à ce Requiem une structure originale. L’harmonie règne dans cette partition d’une beauté sereine et chaleureuse qui choisit de déroger à la tradition en n’empruntant pas à l’habituelle messe des défunts.

Vous reconnaîtrez peut-être l’un des thèmes du Requiem si vous avez vu la première saison de la série Fargo où un personnage, Stavros Milos, se croit victime d’un chantage exercé par Dieu lui-même. Quasiment chacune de ses apparitions à l’écran s’accompagne d’une musique religieuse et plus particulièrement du Requiem de Fauré !

Celui-ci s’ouvre doucement dans un temps suspendu, puis la pulsation reprend avec la psalmodie du chœur. Fauré nous conduit progressivement, patiemment, vers la lumière, quand le violon solo s’élève au-dessus du chœur comme une prière.

L’écriture, claire et limpide, nous enveloppe d’un sentiment de félicité et de légèreté. Une simplicité apparente dont Mathieu Herzog, le Chœur et l’Orchestre Appassionato vous montrent avec pédagogie qu’elle est le fruit d’un infini raffinement.